Introduction
Le DUERP et télétravail sont étroitement liés, car les employeurs doivent protéger la santé des salariés, qu’ils travaillent au bureau ou à domicile. L’essor du travail à distance a modifié les conditions de travail et introduit de nouveaux risques professionnels. Ces risques concernent l’ergonomie, la charge mentale, l’isolement et même la cybersécurité.
L’article L. 4121-1 du Code du travail impose à l’employeur d’évaluer et prévenir les risques liés au poste de travail, y compris en télétravail. Il doit garantir un environnement sûr et limiter les effets négatifs du travail à distance. Pourtant, beaucoup d’entreprises n’ont pas encore intégré le télétravail dans leur DUERP.
Les accidents survenant en télétravail peuvent être reconnus comme des accidents du travail. Si l’évaluation des risques est incomplète, l’employeur peut être tenu responsable et sanctionné. Un DUERP bien conçu protège les salariés et limite la responsabilité juridique de l’entreprise.
Cet article explique les obligations légales liées au télétravail, les risques spécifiques et les bonnes pratiques pour adapter le DUERP. Il propose aussi des solutions concrètes pour prévenir les risques et assurer une sécurité optimale aux télétravailleurs.
Le cadre légal : quelles obligations pour l’employeur ?

Le DUERP et télétravail sont encadrés par la loi. L’article L. 4121-1 du Code du travail oblige l’employeur à garantir la sécurité et la santé des salariés, même lorsqu’ils travaillent à domicile. Cette obligation implique l’évaluation des risques professionnels, la mise en place de mesures de prévention et un suivi régulier.
L’Inspection du travail peut sanctionner un employeur qui ne prend pas en compte le télétravail dans le DUERP. Une évaluation incomplète expose l’entreprise à des poursuites judiciaires, notamment en cas d’accident du travail. Un salarié blessé en télétravail peut demander la reconnaissance d’un accident du travail, et la justice peut considérer que l’employeur a manqué à son obligation de sécurité.
Les risques liés au télétravail diffèrent de ceux du travail en présentiel. L’employeur doit donc adapter son document unique en analysant les risques ergonomiques, psychosociaux et numériques. Il doit aussi informer les salariés sur leurs droits et obligations en matière de prévention des risques.
La faute inexcusable de l’employeur peut être reconnue si un salarié prouve que l’entreprise n’a pas mis en place de mesures de prévention. Un employeur négligeant peut alors être condamné à payer des indemnités importantes.
Adapter le DUERP au télétravail est donc une nécessité légale et une protection essentielle pour l’entreprise. Un document bien structuré et régulièrement mis à jour limite les risques juridiques et améliore les conditions de travail des salariés.
Identifier les risques spécifiques au télétravail
Le DUERP et télétravail doivent couvrir tous les risques spécifiques liés au travail à domicile. Les dangers varient en fonction du poste de travail, de l’organisation du travail et de l’environnement personnel du salarié.
L’un des premiers risques concerne l’ergonomie. Un mobilier inadapté peut entraîner des troubles musculo-squelettiques (TMS), comme des douleurs au dos et aux poignets. Beaucoup de télétravailleurs utilisent un bureau improvisé, ce qui augmente ces risques. L’employeur doit inclure dans le DUERP une analyse des postes de travail à domicile et proposer des solutions adaptées, comme un équipement ergonomique.
Les risques psychosociaux sont aussi une problématique majeure du télétravail. L’isolement, la surcharge de travail, le manque d’interactions sociales et la difficulté à déconnecter sont des facteurs de stress. Une mauvaise organisation du travail peut entraîner un épuisement professionnel. Le DUERP doit identifier ces dangers et prévoir des actions de prévention, comme des échanges réguliers avec les managers et un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
La cybersécurité constitue un autre défi pour les télétravailleurs. L’utilisation d’ordinateurs personnels non sécurisés et le stockage de données sensibles à domicile augmentent le risque de cyberattaques. L’employeur doit inclure dans son DUERP des recommandations pour sécuriser les outils numériques et limiter les accès aux informations confidentielles.
Un DUERP bien conçu permet d’identifier ces risques et d’adopter des mesures de prévention adaptées. Il est donc essentiel d’analyser les situations réelles de télétravail pour garantir une protection efficace des salariés.
Comment intégrer le télétravail dans l’évaluation des risques du DUERP ?
L’évaluation des risques en télétravail exige une adaptation méthodologique du DUERP. L’entreprise doit analyser les conditions de travail à distance et prendre en compte les contraintes spécifiques du salarié.
Une première étape consiste à recueillir les retours des salariés via un questionnaire sur leurs conditions de travail. Cette démarche permet d’identifier les problèmes ergonomiques, les difficultés organisationnelles et les besoins en matériel.
Ensuite, l’employeur doit adapter son DUERP en intégrant des risques propres au télétravail. Il doit préciser les mesures de prévention à appliquer, comme la mise à disposition de matériel ergonomique, l’organisation de temps de pause obligatoires ou la création d’un espace de travail dédié.
L’intégration du télétravail dans le DUERP doit être réalisée en concertation avec le CSE. Le comité peut proposer des solutions adaptées et aider à sensibiliser les salariés sur les risques liés au travail à domicile.
Enfin, l’entreprise doit mettre en place un suivi régulier de l’efficacité des mesures prises. Des audits internes et des entretiens individuels permettent d’évaluer l’impact du télétravail sur la santé des salariés.
Un DUERP bien adapté permet d’assurer la sécurité des télétravailleurs et de réduire les risques juridiques pour l’employeur. Il s’agit d’une démarche essentielle pour garantir une organisation du travail équilibrée et efficace.
Mesures de prévention et bonnes pratiques pour limiter les risques
Un DUERP bien adapté au télétravail ne se limite pas à identifier les risques professionnels. Il doit aussi proposer des mesures de prévention concrètes pour protéger la santé physique et mentale des salariés.
L’un des premiers leviers d’action concerne l’ergonomie du poste de travail. Travailler sur une chaise inadaptée ou avec un écran mal positionné peut entraîner des troubles musculo-squelettiques. L’employeur doit inclure dans le DUERP des recommandations précises sur l’aménagement du poste de travail. Il peut aussi proposer un remboursement partiel du matériel ergonomique (chaise de bureau, support d’ordinateur, clavier adapté).
Le DUERP doit également prévoir des solutions pour limiter l’isolement et la charge mentale. Le télétravail peut provoquer une surcharge de travail, un sentiment d’isolement et un manque de reconnaissance. Pour réduire ces risques, l’employeur peut organiser des points réguliers en visioconférence, instaurer des horaires de travail clairs et garantir le droit à la déconnexion.
Une autre mesure essentielle concerne la cybersécurité. L’usage d’un réseau Wi-Fi personnel non sécurisé ou d’un matériel informatique inadapté peut exposer l’entreprise à des cyberattaques. Le DUERP doit intégrer des protocoles de sécurité : utilisation d’un VPN sécurisé, authentification à double facteur et formation des salariés aux bonnes pratiques numériques.
Enfin, la prévention passe aussi par la formation des télétravailleurs aux risques spécifiques du travail à distance. L’entreprise peut organiser des sessions de sensibilisation, fournir des guides pratiques et encourager le partage d’expériences entre collègues pour améliorer les conditions de travail.
Télétravail et responsabilité de l’employeur en cas d’accident : DUERP

Lorsqu’un salarié en télétravail subit un accident, l’employeur peut être tenu responsable, même si l’événement survient à son domicile. L’article L. 411-1 du Code de la sécurité sociale précise qu’un accident survenant pendant les heures de télétravail est considéré comme un accident du travail, sauf preuve du contraire.
Pour qu’un accident soit reconnu comme tel, il doit se produire pendant les heures de travail et être lié à l’activité professionnelle. Par exemple, une chute dans l’escalier pendant une pause café peut être exclue, tandis qu’un mal de dos aigu dû à une mauvaise posture devant l’ordinateur peut être reconnu comme un accident professionnel.
Si l’accident survient à cause d’un manque de prévention (poste de travail non adapté, absence de formation aux risques ergonomiques), la responsabilité de l’employeur peut être engagée. La faute inexcusable peut être retenue si l’entreprise ne prouve pas qu’elle a mis en place des mesures préventives.
Un DUERP bien structuré protège l’employeur. En intégrant les risques liés au télétravail, il prouve que l’entreprise a pris en compte les dangers et a mis en place des actions correctives. Cela peut inclure une évaluation des conditions de travail à domicile, la mise à disposition de matériel ergonomique et la formation aux bonnes pratiques.
L’entreprise doit également mettre en place un processus de déclaration rapide en cas d’accident en télétravail. Le salarié doit savoir qui contacter, comment décrire l’incident et quels documents fournir pour établir la prise en charge par la Sécurité sociale.
Digitalisation du DUERP et suivi des risques à distance
Avec le développement du télétravail, les entreprises doivent moderniser leurs outils pour suivre les risques professionnels à distance. La digitalisation du DUERP facilite son actualisation, son accessibilité et son exploitation par les acteurs concernés.
L’utilisation d’un logiciel de gestion des risques permet d’automatiser la collecte des informations et de suivre l’évolution des conditions de travail des salariés. Ces plateformes offrent des questionnaires interactifs, des rapports d’audit et des tableaux de bord pour identifier les situations à risque.
Un autre levier de digitalisation est la mise en place de visites ergonomiques virtuelles. Un expert peut analyser l’espace de travail à domicile via une visioconférence et recommander des aménagements adaptés. Cette solution évite les déplacements coûteux et permet un suivi personnalisé.
L’entreprise peut aussi utiliser un espace collaboratif où les télétravailleurs partagent leurs difficultés et bonnes pratiques. Ce système favorise l’engagement des salariés et permet d’ajuster le DUERP en temps réel en fonction des retours du terrain.
Un DUERP digitalisé assure une meilleure traçabilité et permet aux employeurs de réagir rapidement en cas d’alerte. En automatisant le suivi des risques, l’entreprise limite les oublis et garantit une conformité continue avec la réglementation.
Conclusion sur le DUERP et le télétravail :
Le télétravail transforme les conditions de travail et impose aux employeurs une évaluation adaptée des risques professionnels. L’intégration du télétravail dans le DUERP est une obligation légale, mais aussi un levier pour améliorer la qualité de vie des salariés.
Un DUERP bien conçu identifie les risques ergonomiques, psychosociaux et numériques et propose des mesures de prévention adaptées. L’entreprise doit anticiper ces dangers en mettant en place des solutions concrètes, comme la sensibilisation aux bonnes postures, la prévention du stress et la sécurisation des données.
L’accident en télétravail est reconnu comme un accident du travail, sauf preuve contraire. L’employeur doit donc être capable de démontrer qu’il a pris toutes les précautions nécessaires. Un DUERP rigoureux et mis à jour permet de réduire les risques juridiques et d’assurer une protection optimale aux télétravailleurs.
Enfin, la digitalisation du DUERP offre des solutions innovantes pour assurer un suivi efficace des conditions de travail à distance. En intégrant ces nouvelles pratiques, les entreprises garantissent une prévention efficace et durable.
L’évaluation des risques en télétravail ne doit pas être vue comme une contrainte, mais comme une opportunité d’améliorer la performance et le bien-être des salariés.